Comme chaque année et pour la 9 ème année consécutive, je livre mon étude sur les crises numériques de l’année précédente. Une année marquée par la résurgence des crises de communication et des employés avec la fin de la période Covid !
Nombre de crises numériques par année
Un retour à la normale dans la volumétrie observée autour de Balenciaga
Cette année, Balenciaga est la crise la plus volumétrique mais se classe dans des volumétries bien plus faibles.
Le paysage des crises en 2023
Le paysage des crises en 2023 est en stabilité par rapport à 2022 sauf sur la communication et les employés
Les nouvelles valeurs en baisse
La crise ayant fait le plus de bruit reste celle du planning familial qui a lancé un visuel sur des hommes enceints, ne manquant pas de déchainer de multiples conversations polémiques entre des communautés aux enjeux différents.
Les événements en non-mixité sont aussi généralement un sujet très problématique comme ce fut le cas pour l’université de Rennes.
Pour prévenir des risques de la Canicule, la Croix-Rouge a réalisé un visuel avec une femme voilée ce qui a créé une polémique commencée par Valérie Boyer et relayée par le rassemblement national.
De son côté, le jeu GTA VI a suscité une polémique en raison d’une protagoniste principale féminine parmi les joueurs, population avec des valeurs masculinistes prononcées.
En fin d’année, le Scrabble a annoncé la censure de certains mots comme « tarlouze », « pédé », « gouine » ou « travelo » Concernant l’anti-science, si le mouvement est aujourd’hui bien structuré, il s’est mobilisé sur des polémiques larges en dehors de cas emblématiques pour les organisations. On peut peut-être prendre le cas de Doctolib qui référençait les naturopathes aux pratiques douteuses, mais nous n’avons pas catégorisé cela comme anti-science car cela relevait davantage du médical. (Catégorisé comme critique « ca ne se fait pas »)
Le sexisme, un fléau toujours présent
Le fléau des communications sexistes a repris de plus belle avec des exemples qui ne peuvent qu’être condamnés
LinkedIn devient un lieu sociétal
L’étude sur les crises numériques ne fait presque pas état du réseau LinkedIn dans les statistiques car ce réseau n’est pas mentionné dans les articles ou les crises ne génèrent pas de volumétrie conséquente. Cela alterne quelque peu la lecture d’un phénomène très important qui se déroule : LinkedIn devient un lieu sociétal.
Derrière les publications bullshit, les apprentis entrepreneurs qui publient dans l’espoir de toucher du prospect, les social sellers qui alpaguent le chaland, on trouve de nombreuses batailles idéologiques et les militants commencent à arpenter et alpaguer les organisations.
Cela passe encore trop par des campagnes d’attaques sur des publications de CEO ou des prolongements de campagne d’attaque d’assemblée générale de groupes côtés. Mais bientôt, LinkedIn deviendra un endroit de crise et un endroit à considérer, d’autant que les patrons n’ont pas l’habitude d’y être chahutés.
Or, beaucoup trop d’organisations passent aujourd’hui à côté de plein de débats spécifiques tout simplement parce que LinkedIn ne figure pas dans les réseaux traditionnels. À l’époque, on appelait la surface non visible des moteurs de recherche « le dark web ». À notre époque et pour LinkedIn, on parlera surtout d’œillère où les dirigeants passent souvent à côté parce que les logiciels ne suivent plus les usages.
Une évaluation des crises plus pointue
Avec le topical impact assesment, nous avons mis en place la capacité de reconstruire la timeline d’une personne, d’une liste de personne, d’une communauté ou d’un écosystème pour évaluer les impressions qualifiées et la couverture d’une communication, d’un événement, d’une crise ou de l’impact d’une thématique.
De la même manière, l’arrivée du nombre d’impressions d’un message sur Twitter permet d’évaluer l’impact réel d’un tweet et de découvrir quelques surprises. (Le Monde n’a qu’entre 15k et 50 k d’impressions sur un tweet)
Et ce malgré les datas qui semblent de plus en plus dures à obtenir et à utiliser pour satisfaire les décideurs.
L’accès aux données est de plus en plus restrictif ou extrêmement compliqué à obtenir. Cela occasionne des coûts de la donnée en augmentation. Cela va forcément pousser les acteurs à se poser la question du « raffinage » de la donnée. Dans un monde où la donnée coûte cher, il faut forcément arriver à la transformer avec adéquation.
Or, on remarque que les outils habituels de social listening n’ont que très peu changé sur les usages. Ils se contentent d’être des logiciels de gestion de données, mais pas d’être les ERP de demain d’une profession axée sur les usages. (Stratégie, communication, publications, etc.)
On remarque que de plus en plus d’organisations ne veulent plus gérer leurs données en interne par manque de temps, de valeur ou de compétences pour la transformation de la donnée. Le coup de massue est généralement aussi l’appropriation des réseaux sociaux par les CEO qui sont désormais davantage sensibilisés et qui n’achètent plus des indicateurs factices qui ne veulent plus rien dire. (Que veulent bien dire des Terra d’impressions affichées par les outils ?) La fin de l’ère du tout SaaS matérialisé aussi par l’assèchement des ressources en capital risque d’être assez fort dans les années qui viennent.
À l’heure de l’essor de ChatGPT, le mythe de la réponse en deux clics d’un logiciel sur base de données est encore un rêve complètement utopique.
Le nombre de données à intégrer dans l’analyse est toujours plus compliqué. Et donc cela occasionne des rapprochements stratégiques au profit de plus gros acteurs couvrant davantage de données et davantage de sources.
En toute logique, les belles années de logiciel de social listening sont globalement derrière eux et ils devraient passer d’un « cash cow market » à un marché qui se spécialise sur des besoins très particuliers.
En réalité, la plupart des investissements vont dans des rapprochements ou dans des tentatives d’innovation en intelligence artificielle (reconnaissance de l’image, des vidéos, scripts de vidéo, etc.) qui n’ont jusqu’à présent que très peu produit d’innovations incroyables en dehors de la veille sur les logos.
Aucun ne tente de spécialiser la plateforme vers un usage bien particulier. Le seul exemple dans ce cas de figure reste un acteur national indépendant par rapport aux autres. (Visibrain)
Crédit photo : Balenciaga / GTA VI