Souvent, je vous narre l’histoire de crises qui ont eu lieu. Or, je me suis rendu compte que je ne vous avais jamais raconté une crise qui n’avait pas pris pour en analyser les éléments. Cela tombe bien puisque j’avais en stock des données autour d’une crise qui s’est stoppée nette.
Cet événement nous replonge directement en février. Le 9 février pour être plus précis, date à laquelle le logo pour la candidature aux Jeux olympiques de Paris est divulgué à la presse et au monde. Rapidement, des soupçons de plagiat émergent des discussions à la suite d’un article de blog. Cependant, la crise n’a pas du tout pris malgré beaucoup de facteurs possiblement accélérateurs. Analyse complète via Visibrain et Brandwatch !
Je rappelle que je cherche des communicants et community manager pour répondre à mon enquête quantitative sur les crises sur le Web. Pour ce faire, c’est par ici !
I. Début de la “crise”
Le 9 février est annoncé en grande pompe le nouveau logo pour la candidature aux Jeux olympiques de Paris réalisé par l’agence Dragon Rouge.
On y décèle la tour Eiffel, le 2 et le 4 pour jouer sur le “2024” tandis que les couleurs sont celles de l’olympisme. La plupart des conversations sur le logo sont à ce moment-là plutôt positives.
Seulement, quelques heures après, le logo va être mis en cause pour son inspiration prétendument trouvée dans une autre agence de communication appelée 4 Global :
Le GQ Magazine lance alors un article “le logo de Paris 2024 est-il un plagiat ?” qui va alerter d’autres médias :
https://twitter.com/B3zero/status/697708915811708928
Au même moment, cela n’a pas l’air de gêner du tout la communication de Paris 2024 :
Le directeur de création de Dragon Rouge avoue lui-même une grosse ressemblance : “quand je vois le logo, effectivement, je me dis hum, c’est vraiment très proche”. À ce moment-là, en tapant plagiat, on a comme suggestion “Paris plagiat”. À ce moment-là, le nombre de partages commence à être substantiel : (Source : Visibrain)
La crise est alors partagée sur plusieurs domaines (Source : Brandwatch) :
Le nombre de partages des différents articles reste tout de même assez contenu : (Source : Buzzsumo)
La situation sur Twitter est schématisée par la cartographie suivante : (données obtenues via Visibrain)
Dans les articles, le framing est le suivant : (Source : Brandwatch) :
À ce moment-là, la situation peut être très critique parce que :
- La société londonienne en question est une agence spécialisée en sport, et d’ailleurs en organisation pour les Jeux olympiques. Elle aura tout intérêt à faire monter la sauce pour obtenir des contrats ou un accord.
- La même crise a eu lieu il y a quelques mois pour la ville de Tokyo qui accueillera les Jeux olympiques. Son logo était un plagiat d’un graphiste belge :Après avoir nié en bloc, on a découvert de nombreux autres plagiats de la part de l’auteur du logo ce qui a poussé la ville à changer de logo.
- Il y a un terreau fertile en termes de reprise par les médias. Il ne manque plus que des réactions éventuelles, un “deuxième épisode”, ou un passage à un journal télévisé pour que la crise prenne définitivement.
II. Analyse
Cependant, la crise n’a jamais pris. Après tout cela, plus aucune réaction. Il n’y a plus jamais eu la moindre secousse par la suite : (Source : Brandwatch)
Dès lors, comment expliquer que la crise n’ait pas pris ? Plusieurs hypothèses, voire confirmations :
Une polémique noyée dans le bruit
La polémique a été noyée dans le bruit pour deux raisons :
- Il est très connu que des crises peuvent être noyées par l’actualité du jour. Par exemple, un accident de train avec des morts le jour des attentats n’a eu qu’une faible couverture. Or, ici, c’est le jour où Hollande annonçait son remaniement. Toute la presse n’était focalisée que là-dessus.
- Cette actualité est cantonnée à une petite communauté. Tout le monde a vu le logo sur la Tour Eiffel. Rares sont ceux qui connaîtront la ressemblance sauf nouvel élément. Du point de vue du volume, il n’y a pas photo entre les deux puisqu’il y a 800 fois plus de tweets sur le logo de manière générale. (Source : Visibrain)
Une polémique Parigo-parisienne
Si l’on regarde la carte du monde (sujette à biais et à discussion, mais ici quand même intéressante), on remarque que l’entièreté de la polémique est cantonnée à Paris :
La différence avec Tokyo est donc flagrante puisqu’il s’agissait d’un graphiste belge qui a sorti l’affaire du plagiat, rendant la polémique mondiale.
Une gestion dans les coulisses ?
Une autre chose à mettre à l’actif de la non-crise, c’est que d’autres médias ont repris l’actualité quelques jours après, mais en titrant “il n’y a pas de plagiat”. Autant dans la presse que sur un blog où deux avocats différents disent qu’il y a très peu de chance que Paris soit condamné pour plagiat. Dans l’article de blog, on prend également un regard de “graphiste” pour donner une explication. (Numéro, rotation, etc.) Ajoutons qu’il n’y a pas eu de réactions ni de la presse ni de l’agence en question qui n’a jamais fait le moindre commentaire, de quoi imaginer une gestion “dans les coulisses” de la part de la ville de Paris.
III. Conclusions
En soi, cette analyse ne va révolutionner l’état de l’art en gestion de crise puisque tous les communicants savent qu’on peut s’en sortir si une actualité obscurcit la visibilité de celle-ci. Par contre, cela prouve justement que les choses n’ont pas changé malgré le Web 2.0 et les réseaux sociaux. Reste à voir si cela ne va pas sortir au moment le plus essentiel : quand les décisions vont être prises. Car si cette affaire n’est presque pas connue du grand public, elle peut toujours être interrogée par Google où en tapant Logo JO Paris, on trouve encore l’image du plagiat !
Je rappelle que je cherche des communicants et community manager pour répondre à mon enquête quantitative sur les crises sur le Web. Pour ce faire, c’est par ici !