Il y a un an, je pataugeais dans les crasses des égouts de l’influence où j’avais notamment croisé Cloudwatt pour vous prouver que des vraies personnes pouvaient avoir une fausse influence. Or, j’ai oublié de vous dire que des fausses personnes peuvent avoir une vraie influence.
Si l’odeur de l’influence pourrie ne vous incommode pas, je vous propose de m’accompagner dans une seconde plongée dans les égouts de l’influence.
À l’origine : une enquête sur les techniques des influenceurs
Au départ de la réflexion, je pensais partir sur un billet qui narrerait les techniques déployées pour assurer une influence conséquente. En effet, le mass following et l’achat de followers est aussi has been que se tagger sur Foursquare. En effet, maintenant la technique est à IFTTT, un opérateur bot qui à qui l’on peut attribuer une bonne partie d’action automatisée. Cet outil a été infesté par les autoproclamés, Growthacker, qui usent de stratagèmes qui relèvent qui charlatanisme au nom de la croissance rapide.
Par exemple, j’ai utilisé l’outil pour une étude qui viendra bientôt :
Pour chaque mot « bad buzz » en français, l’outil favorisait automatiquement le tweet pour ensuite automatiquement le mettre dans une liste. Faites l’expérience de taper #growthacking, #startup et #frenchtech, cela devrait rapidement vous booster le Klout.
Ces arrivées dans les interactions ont le même effet que le « follow » du mass following, mais certains vont plus loin. Il utilise l’outil de gestion de bétail 2.0, à savoir Crowdfire (anciennement Justunfollow) où il suffit de mettre ceux dans la liste que l’on veut choisir (liste blanche) et ceux dont il faut delete dès qu’on leur a enlevé leur jus (liste noire) :
Il suffit alors de récupérer journalièrement des individus sur base de mots-clefs tels que : « #socialmedia Lang:fr » et autres ; de rajouter ces gens dans la liste noire et de les supprimer une fois que cela est fini. Cette technique était facile à croiser via un board « Activity » sur Tweetdeck :
Cela nous donne d’ailleurs une astuce : si vous voulez piéger ses manants en flattant leur ego d’influencé, nommez votre liste avec quelque chose de flatteur : All Stars, Influencer, Best, Top, etc. La technique fonctionne puisque l’on peut voir les fluctuations de following et la montée de followers :
Pendant ce temps-là, en Belgique, quelques gurus paient des tweets sponsorisés pour « échanger ».
J’ai ensuite de plus en plus remarqué que le vol de contenu était devenu monnaie courante. On m’avait fait remonter une photographie du supermarché depuis un groupe privé :
Quelle n’est pas ma surprise quand je verrai plusieurs personnes récupérer ou modifier le contenu pour récupérer un CM d’influence :
Car il est bien connu que si on pique un travail éditorial et de recherche de 16 images sur 20, ce n’est absolument pas un problème si l’on a pas la même audience. Voilà pourquoi.
Car le contenu est devenu indispensable pour établir un KLOUT. Et celui-ci manque cruellement dans le dur monde Marcom. Il y a donc un recyclage plus que conséquent. Pour éviter ce recyclage, voici donc une bonne fois pour toutes, tous les contenus dont on nous rafraîchit la mémoire tous les mois :
Maintenant que c’est fait, si on pouvait arrêter de nous les ressortir tous les 15 jours, cela serait réellement plaisant.
Le vide comme actant
L’univers est ainsi fait qu’il y a plus de néants que d’existant. Seulement, le néant n’a (jusqu’à présent) aucune incidence sur l’existant… sauf sur le Web ! Car petit à petit en observant, je me suis rendu compte que la mode n’était plus à l’influenceur, mais à l’influence. Les organisations sont maintenant celles qui cherchent celle-ci. Car le gros problème des influenceurs, c’est qu’ils doivent promouvoir leur image :
Les organisations n’ont pas ce problème et ont eu le don d’adapter leurs techniques sans devoir mettre leur image en jeu. J’ai observé ce phénomène d’abord sur le maître du domaine, aka Louis Serge. Lui qui mesure son influence avec le don incroyable de définir Viadeo comme un outil incontournable :
J’ai découvert que celui-ci se faisait retweeter assez souvent par des profils… assez spéciaux ! Je l’ai découvert quand celui-ci m’a retweet et que bizarrement, à chaque fois des comptes bidon me retweetait sur des domaines qui n’avaient rien à voir avec mes tweets :
En Zoomant sur certains de ces profils, je découvre qu’ils sont tous bidon :
Bref, Louis Serge fait penser qu’un retweet de sa part vaut une influence démesurée. Je lui laisse le soin de résumer le vent qu’il tourne :
Parce que de plus en plus, le vent et le vide s’imposent comme un outil d’influence. Prenons les 48 comptes qu’avait créés Laurent Bour (il ne le fait plus actuellement à ma connaissance) :
Les organisations ont fait la même chose. Il suffit de créer des faux comptes ou du faux contenu pour nuire à un concurrent. Les stars ont été les premières visées comme Pierre Ménès dont la copie du premier tweet ci-dessous est fausse : (remarquer la photographie en transparence)
Mais aussi Paris Hilton :
Petit à petit, les organisations ont également été visées comme Ikea dont on a fait croire qu’elle prenait les gens pour des cons en nommant un meuble « connard » alors que ce n’est pas le meuble :
Ces astuces ont également été utilisées pour asseoir son influence durant un sujet d’actualité chaud :
Les « parodies » peuvent également être problématiques comme celle de The Onion qu’on a récupéré en France comme argent comptant.
Le règne du faux est en train de gagner le Web. L’exemple le plus flagrant de cette année est celui de François Hollande. Durant une de ses interventions télévisées, les internautes fustigent une de ses phrases à savoir « Ça ne coûte rien, c’est l’état qui paie ». Sauf que celui-ci n’a jamais prononcé cette phrase durant tout le débat !
L’origine du faux pour avoir une entreprise commence en 2010 lorsque curieusement, les laboratoires Servier reçoivent des tweets négatifs venant de Bot.
Récemment, c’est une entreprise qui a vu son cours de bourse descendre de 25 % en l’espace de quelques minutes. La cause ? Un tweet posté via le hashtag spécial finance $ qui reprend tous les mots-clefs alerte des bots d’investisseurs. Cette perte fera que le cours de bourse passera de 12 à 8,87 dollars.
Lors du rachat du Club Med, des faux profils ont été créés sur des médias pure player dans le but d’être activé plus tard pour assassiner la proposition de rachat de Bonomy au profit de Fosum. L’agence en question serait iStrat. Leur technique ? Faire des déformations d’image de photos, modifier les fonds, détourer les images dans le but que cela soit impossible de remonter jusqu’à la photo prise. On monte en influence sur des faux profils en faisant des collaborations sans but caché, se servant de connexions VPN qui changent leur adresse IP. Cette technique est également utilisée pour modifier des pages sur Wikipedia.
Il n’y a donc pas de surprise à ce que des entreprises surfent sur cette vague des faux accounts pour établir leur campagne. Thomas Gouritin a ainsi mis au jour une technique utilisée par Guerlain qui fait intervenir des faux accounts pour faire croire que le volume de conversation est plus important qu’il ne semble.
Conclusion
La fausse influence, le fake et les bots vont devenir rapidement un enjeu pour les organisations. Encore très récemment, un faux hashtag utilisait des bots pour le pousser en trending topic :
On aura vraisemblablement de plus en plus de gens sans éthique qui vont créer des faux profils. J’ai ainsi eu l’occasion de recevoir des témoignages par rapport au fait que des gens se disaient d’une entreprise sur Facebook pour ensuite aller troller le monde entier sur les réseaux sociaux. Dans un monde où chaque employé peut être une source de bad buzz pour les entreprises, ce climat émergent va devenir problématique. De plus, il va falloir que Twitter agisse contre les techniques des growhackers sans quoi les interactions fav/RT/liste vont bientôt pulluler partout. Car ces techniques fonctionnent et c’est bien là le problème. Nous avons encore la force de pouvoir dire que « Sur le web, tout se sait un jour ou l’autre ». Ne laissons pas celui-ci se détruire, et bannissons toutes ces techniques d’influence pour montrer du Klout, gagner en bourse, où abattre ses concurrents.