Juan-Les-Pins fut à nouveau une possibilité d’observer une “rumeur” sur le réseau social Twitter. Cas très ressemblant à Nice (à relire ICI) et aux autres analyses que j’avais faites, je n’avais pas prévu d’écrire un papier et m’étais contenté de faire un live-tweet. Mais suite à des demandes et pour qu’on puisse retrouver facilement cette analyse, le voici sous format “article”.
I. Le récit
Le premier tweet selon l’API de Twitter est le suivant :
Le deuxième tweet présent du live-tweet a depuis été supprimé, mais disait “Dites moi il se passe quoi sur juan les pins les gens courent de partout
Suite à cela, les premiers tweets sont 3 mises en garde de ce type :
https://twitter.com/SamiBoubia/status/764921904994127873
Des citoyens décident alors d’alerter non pas les autorités, mais les chaines d’information en continu :
Après les messages de prévention viennent la recherche d’information et les questionnements :
Ce screenshoot de mon tableur SPSS est d’ailleurs réalisé sans trucage : ce sont des tweets qui se succèdent avec des interrogations. Le plus affolant pour les acteurs de la sécurité et de l’urgence est que ces questions ne sont pas posées aux autorités mais aux chaines d’information en continu :
A peine 20 minutes après le tout premier tweet, la première infirmation de la rumeur survient par France Bleu Azur :
Cette annonce, massivement retweetée et extrêmement rapide a permis de devancer les rumeurs :
Dont l’habituelle rumeur de la prise d’otage, presque présente à chaque fois :
Le problème est que les “journalistes-Twitter” internationaux sèment quelque peu le doute auprès de la population :
Une fois l’émoi fini, viennent les habituels. C’est-à-dire BFM en mode clickbait :
La récupération de l’extrême droite et des comptes Twitter d’info en 140 caractères.
II. Conclusions
Elles sont absolument les mêmes que d’habitude, mais parcourons les :
- Sur Twitter, il y a toujours un fond de vérité au départ de la rumeur. Un pétard, un mouvement de foule, un attroupement de policiers, etc. Ce fond de vérité va permettre de confirmer la rumeur grâce à des acteurs sur place qui diront aux gens non-présents sur les lieux qu’il se passe effectivement quelque chose.
- La rumeur est ensuite propagée par des acteurs qui ne sont pas sur place. Des questionnements de gens absents se demandant ce qui se passe, des “journalistes-Twitter”, des messages de prévention qui invitent les gens à rester chez eux.
- La rumeur aura alors toujours une modification, un détournement. Un pétard devient une explosion, puis une fusillade. Un attroupement de CRS devient une prise d’otage, etc.
- La place qu’ont prise les chaines d’information en continu est absolument indubitable. Il s’agit d’un défi pour les services d’urgence dans la mesure où ils ne sont pas alertés en premier et ne sont pas considérés comme une source “réflexe”. L’absence des autorités est ici d’ailleurs peu explicable et mériterait un questionnement dans la mesure où une information est connue, recherchée par la population, mais où elle n’est pas donnée par les autorités.
- Une fois que l’infirmation de la rumeur est confirmée, cette dernière s’éteint très rapidement : (Graphique réalisé via Visibrain Focus TM)
- L’infirmation de la rumeur est toujours plus visible que la rumeur elle-même.
- Comme pour Nice, les communautés de l’extrême droite sont très présentes en bonnes mouches à attentats qu’elles sont.