VivaTech est devenu l’un des rendez-vous incontournables de l’innovation et de la technologie en Europe. Créé en 2016, cet événement annuel, organisé à Paris, attire des startups, des investisseurs, des leaders d’opinion, des entreprises et des passionnés de technologie. Il est un des enjeux de visibilité de beaucoup d’acteurs partenaires comme Orange, BNP Paribas, la SNCF, KPMG, RATP, ou autres. Pour autant, quelles sont les stratégies utilisées ? Sont-elles efficaces ?
Les attentes des partenaires
Les partenaires de VivaTech, qu’ils soient entreprises multinationales, investisseurs ou institutions académiques, attendent cet événement avec une anticipation palpable pour plusieurs raisons :
- Découverte d’acteurs Innovants et veille technologique : trouver via Vivatech et son aura des partenaires innovants sur la technologie.
- Développement de la notoriété : la visibilité de l’événement permet de renforcer la notoriété auprès d’une cible très prisée.
- Donner une opportunité d’assurer la narration d’innovation du groupe. Une des difficultés majeures des grands groupes est de pouvoir avoir l’opportunité d’expliquer et d’assurer la dimension communicationnelle de leur groupe. Vivatech donne ainsi un momentum, clairement mis dans l’agenda pour les partenaires pour développer leur prise de parole.
- Une visibilité politique certaine : c’est l’événément startup & innovation avec du coup l’assurance de figurer dans les notes des politiques qui sont très nombreux à se porter sur l’événément.
La couverture sur les réseaux sociaux : le compte de Vivatech est très fort !
Ensuite, on va se focaliser sur la couverture des réseaux sociaux en se focalisant sur X et LinkedIn qui sont les principaux réseaux corporate.
Sur X, en prenant les audiences de 2023 (plus exhaustif), la couverture va être sectorielle, économique et médiatique :
Quand on regarde un des acteurs de Vivatech partenaire de l’événément en utilisant notre méthodologie de Topical impact Assesment (capacité de reconstruire la timeline d’une personne, d’une liste de personne, d’une communauté ou d’un écosystème pour évaluer les impressions qualifiées et la couverture d’une communication, d’un événement, d’une crise ou de l’impact d’une thématique) , on se rend compte qu’un partenaire active très peu de personnes autour de Vivatech. Par contre, le nombre de personnes touchées est conséquent !
Comment se fait-ce ? En réalité, le compte de Vivatech est excellent pour toucher sa propre audience. Le principal souci, c’est qu’il ne s’agit pas toujours des messages clés qui sont propagés. Bref, on a pris plaisir à voir les audiences de l’événément, la force du compte de Vivatech, mais on va surtout être surpris en analysant les indicateurs utilisés dans les classements !
Et si on arrêtait de choisir des indicateurs biaisés comme les impressions ou les retweets ?
Les impressions, ca n’est pas vraiment ca
En termes de classement des partenaires :
On s’imagine des folies d’impressions. En réalité, le classement repose encore sur des impressions factices qui comptent encore 400 k (au lieu de 18 k) pour ce genre de publications n’appâtant que des concouristes :
18 k au lieu de 400 k. Et aucun logiciel ne permet d’afficher les 18 k aujourd’hui. A ce jour, je n’ai pas vu non plus la moindre organisation changeant ses rapports pour les impressions réelles. J’ai également vu sur Vivatech un influenceur qui est flashé à 255 561 impressions selon les logiciels de veille pour le 22 mai 2022 alors qu’il affiche un score incroyable de…. 746 vues. Ca n’est plus possible aujourd’hui et le secteur des réseaux sociaux ne peut plus fermer les yeux face à cela.
Les classements de retweets, n’ont aucun sens
Ensuite prenons un classement de retweets pour 2023. On a un top 5 avec : LaurentAlaus, jblefevre60, Kalydeoo, Nicochan33 et Pierrepinna. Ils vont être parmi des personnes très actives, couvrant tous les aléas du salon et les différents points faisant un vrai travail de visibilité du salon. Mais je vais surtout m’intéresser à est-ce qu’il y a un impact de diversité et de visibilité pour le salon ou l’organisation. J’étends donc aux tweets sur 2023 et sur 2024 à date d’aujourd’hui (23 mai) :
En réalité, les activités sont énormes (+ de 1000 Publications !) , les retweets sont entre les mêmes types de personnes et l’impact est minime. Un simple regard aux retweets concernés nous montre la problématique avec la foire aux mentions de personnes présentes au salon mentionnées pour des retweets :
Ca donne finalement des retweets biaisés auprès d’une audience repliée sur elle-même. La seule chose intéressante est que ces influenceurs sont les personnes qui font le tour du salon, font un véritable travail d’exploration et que s’assurer ceux-ci, c’est s’assurer que les “tout-terrains” seront là.
Par ailleurs, quelques publications mieux travaillées ont un impact, même si cela n’est clairement pas le cas d’une majorité d’entre elles. La question n’est pas la négation de tout, mais plutôt celle des indicateurs et le fait qu’on n’observe pas les véritables choses importantes. Un contenu qui a 700 impressions réelles est mise au même niveau qu’une impression à 10 k d’impressions tout en étant affiché à 400 k impressions dans les rapports. Ca n’est pas dans l’intérêt de l’organisateur, de la marque, des influenceurs et autres. Mais tout le monde joue selon les mêmes règles biaisées : il faut changer cela. Pour des impressions réelles, pour des couvertures de cibles davantage que des retweets.
Sur LinkedIn, on va prendre les bases de cette année dans la mesure où c’est un réseau où la donnée dépassant une année est difficile à obtenir. Passons les flops d’identifier des communautés sur base de petits échantillons via le search de LinkedIn :
Ca demande une connaissance plus affinée de LinkedIn avec une méthodologie de suivi quotidienne ou bien ciblée sur les besoins. J’ai donc fait le choix de me focaliser sur Orange et Vivatech sur LinkedIn :
Avec le même retour ! Pas de communautés, pas d’audience pareille, peu de stratégie mise en place. Bref LinkedIn n’est pas encore un réseau au niveau !
Niveau stratégie, on peut innover !
En termes de stratégies, on peut identifier :
- L’utilisation de brigades dédiées à la promotion de l’événement numérique. Ca génère du chiffre et du bruit. Par contre, niveau impact, le retour sur investissement est plus que modéré avec des personnes qui ont beaucoup de followers, mais peu qualitatif, issu du mass following, avec des gens qui ne sont plus sur Twitter. Ca n’a pour but que de tromper les indicateurs dans les multiples classements. Mais ces classements produisent aussi des effets communicationnels et ne peuvent être négligés… Difficile équation !
- La promotion de contenu owned : le compte corporate d’une organisation profite de sa présence ou de son partenariat à Vivatech pour aborder des sujets d’innovation en y dédiant une séquence. La plupart du temps, le corporate atteint des cibles habituelles de sa communication, éloigné des personnes qu’elle souhaite réellement toucher.
- La promotion de concours avec l’événément : c’est un moyen inutile de booster les chiffres de retweets et les KPIs des logiciels social media qui ne donnent pas les vraies impressions. Parfois cumulé avec un partenariat média pour un même résultat : ca ne touche que des concouristes.
- La couverture live de l’évévénément : peut être intéressant à condition de garantir une qualité de couverture ce qui arrive parfois pour certaines publications. La Poste a ainsi de très bons scores sur cette stratégie.
En conclusion
- Vivatech est un événément du top niveau rassemblant la crème de l’innovation. L’impact de l’événément est réel. Il dicte un agenda médiatique en rassemblant la presse généraliste, économique et technologique
- Vivatech, par son compte, a une visibilité énorme (50 % des gens qui publient sur Vivatech le suivent ou suivent les partenaires médias ou économiques de l’événement) , mais cette visibilité en dehors des quotes de présentation, n’est pas au service des messages des partenaires.
- Les influenceurs Vivatech sont un gâchis d’argent total. Mass following, ultra publishing (certains influenceurs sont capables de dégainer plus de 200 tweets en 4 jours sur une seule marque), absence de qualité : ces influenceurs sont utilisés pour booster les classements officiels dont les chiffres d’impressions sont faux, les chiffres d’engagement par l’ultrapublishing et l’entre-soi sont faux : bref, il est temps d’objectiver les rapports avec de vrais KPIs.
- Les comptes corporates abusent dans leurs activités en termes de publications pour les classements avec peu de valeurs et un angle uniquement quantitatifs. Quand on publie 900 publications en une semaine sur un événément, peut-on encore parler de qualité ?
- LinkedIn est intéressant pour les partenariats et les influenceurs, mais il n’y a pas de dynamique communautaire en dehors des organisations, et l’architecture du réseau est encore trop peu connectée pour que le réseau supplante X comme réseau d’influence.