Le scandale éclaté autour de SHEIN après la découverte de poupées sexuelles à l’effigie d’enfants sur sa plateforme a pris une telle ampleur que les autorités ont engagé une procédure visant la suspension temporaire du site SHEIN, ont saisi la justice après la vente de poupées sexuelles à l’apparence d’enfants, et ont exigé que la plateforme prouve sa conformité aux lois françaises avant de pouvoir participer librement au marché.
Dans un contexte où SHEIN est attaqué de tous côtés, ce cas n’est toutefois pas propre à la plateforme chinoise. Depuis plus de dix ans, des géants comme Amazon, Walmart, Cdiscount ou eBay ont tour à tour été épinglés pour la vente de sex dolls enfantines, de jouets sexualisés, de costumes racistes, d’objets liés à des idéologies extrémistes ou encore de produits mettant directement en danger des mineurs. Ces crises ont toutes un point commun : elles révèlent les failles structurelles des marketplaces, où la mise en ligne peut être externe, rapide, massive et souvent dépourvue de contrôle préalable.
La revue de l’historique
En 2012, L’homme nu de la Redoute assez célèbre est un des premiers cas où un couac sur un site Web apparait :
En mars 2015, Le magasin de jouet Bart Smit n’a rien trouvé de mieux que de proposer un jouet pour que l’on voit sur les jupes des filles.
Le 28 octobre 2015, à quelques jours d’Halloween, plusieurs géants américains du e-commerce — Wal-Mart, Amazon et eBay — se retrouvent sous le feu des critiques pour la mise en vente de deux produits jugés racistes :
- un faux nez crochu présenté comme « nez de sultan » ou « nez du Cheikh Fagin », référence implicite au personnage antisémite de Oliver Twist ;
- un déguisement d’enfant en soldat de l’armée israélienne, accompagné d’une arme factice inspirée d’un pistolet Uzi.
Les deux articles, vendus autour de 27 $ l’unité, étaient proposés comme déguisements pour Halloween sur les plateformes en ligne de Wal-Mart, Amazon et eBay. Après plusieurs heures de controverse, Wal-Mart a fait retirer le faux nez et la panoplie du soldat de son site de vente. Amazon, son concurrent principal, a refusé de commenter le sujet mais continué ce mercredi 28 octobre à proposer à la vente les deux articles de déguisement.
En 2016, Cdiscount a été au cœur d’un bad buzz lorsqu’une fiche produit publiée par un vendeur tiers affichait le titre explicite « table de sodomie », accompagnée d’une simple photo d’une table de massage. La capture d’écran a circulé en masse, obligeant Cdiscount à retirer l’annonce et à renforcer sa modération.
En 2017, c’est une polémique énorme qui arrive à Rue du Commerce, qui vend des tenues d’enfants déportés avec des mannequins très content d’aborder ces tenues :
En janvier 2018, la marque suédoise H&M met en ligne sur son site britannique une série de photos présentant sa collection enfant. Parmi celles-ci, l’une montre un petit garçon noir portant un sweat à capuche vert arborant l’inscription : « Coolest Monkey in the Jungle » (« le singe le plus cool de la jungle »). Le visuel, publié de manière anodine dans le cadre d’une séance photo commerciale, a immédiatement provoqué des réactions indignées sur les réseaux sociaux. En quelques heures, la photo devient virale : elle est dénoncée par plusieurs internautes et activistes comme une image à connotation raciste, renvoyant à un stéréotype historique assimilant les personnes noires à des singes.
En 2018, La Redoute se fait épingler parce qu’ils ont une section « Nique la France » dans la catégorie de leur site web. En réponse, elle indique : « Bonjour, nous sommes navrés. Il s’agit bien d’un bug informatique, qui ne concernait pas une rubrique de La Redoute mais le résultat d’une recherche sur ces mots-clés. Cette recherche a été mémorisée par erreur sur notre site et les corrections ont été apportées. Bonne journée. »
En 2019, Walmart met en vente un pull « Cocainomane » :
En 2020, la problématique explose avec plein de sujets récurrents, d’abord avec :
- Amazon France a suscité une vive polémique en novembre 2020 après la découverte, par des associations de protection de l’enfance, de poupées sexuelles représentant des enfants prépubères vendues par des vendeurs tiers sur sa plateforme. Le secrétaire d’État Adrien Taquet est intervenu publiquement, demandant à Amazon de retirer immédiatement ces produits. Le cas avait déjà soulevé des questions sur la responsabilité des marketplaces et sur le contrôle insuffisant des vendeurs tiers.

- Les poupées L.O.L. Surprise!, vendues mondialement à un jeune public, ont été critiquées après que des parents ont montré sur TikTok qu’en les plongeant dans l’eau glacée, leurs vêtements révélaient des sous-vêtements à connotation sexuelle (bas résille, corsets, cuissardes). Le fabricant MGA Entertainment a reconnu un défaut de conception et affirmé que ces détails étaient involontaires, promettant de revoir les modèles et la charte de validation des designs.
- Une poupée issue du film Trolls World Tour a été accusée d’être inappropriée : elle émettait un cri suggestif lorsqu’on appuyait sur un bouton situé entre les jambes. Des parents ont dénoncé la conception du jouet sur les réseaux sociaux, estimant qu’elle banalisait des comportements sexuels. Face à la controverse, Hasbro a annoncé le retrait immédiat du produit et présenté ses excuses, évoquant un « emplacement mal pensé » du bouton sonore.
Amazon aurait pu renforcer sa modération, mais l’année d’après (2021), patatra :
Un T-shirt vendu sur Amazon arborant une étoile jaune de David avec l’inscription « Not vaccinated » / « Non vacciné » a été repéré par l’ingénieur Seamus Blackley, qui l’a dénoncé sur Twitter. Le parallèle évident avec l’étoile jaune imposée aux Juifs pendant la Shoah a été jugé profondément choquant et antisémite. Amazon a finalement retiré le produit, en expliquant qu’il provenait d’un vendeur tiers et en rappelant que sa politique interdit les articles qui promeuvent ou glorifient la haine ou des idéologies extrémistes
Depuis, le nombre de cas était très faible et avec moins de soucis, tant les plateformes « market place » ont été nombreuses avec de meilleures pratiques. Mais là on a de nouveau un cas.