Depuis l’élection présidentielle américaine de 2024, qui a vu le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, de nombreux utilisateurs se tournent vers des plateformes alternatives comme Bluesky. Ce réseau social décentralisé, conçu pour offrir plus de contrôle aux utilisateurs et éviter les polarisations des grandes plateformes comme X (anciennement Twitter), a connu un afflux massif de nouveaux inscrits, notamment des personnalités politiques, des journalistes, et des influenceurs. Cette migration, motivée par des préoccupations autour de la modération de contenu et de la liberté d’expression, pose la question : Bluesky peut-il devenir une alternative crédible face aux géants des réseaux sociaux ?
On avait fait un papier à l’époque sur le fait que Bluesky n’était pas très intéressant :
Il y a un an, nous avions publié une analyse sur Bluesky, soulignant ses limites en termes de structuration, d’audience et de pertinence stratégique. Nous avions conclu que, malgré une ambiance plus apaisée que Twitter/X, la plateforme restait trop confidentielle et peu innovante pour justifier une stratégie dédiée. Nous recommandions alors de s’y inscrire par précaution sans y investir davantage.
Mais voici que la plateforme semble avoir un nouvel afflux avec 1 m d’utilisateurs en un jour et un total de 20 M d’utilisateurs. Alors nous avons décidé de nous y repencher en prenant tous les utilisateurs de notre panel Follaw.sv.
Résumé
Au final, Bluesky est clairement en croissance avec un doublement des acteurs intéressants. La plateforme a récupéré tous les chercheurs qui échangent sur leurs objets de recherche. Les échanges sont donc principalement des contenus froids et experts. Il y a toujours très peu de présence politique même si les narratifs déployés sont quand même très à gauche. Les acteurs de droite y sont presque totalement absents. Par contre, techniquement la plateforme a encore pas mal de retard technique.
Les organisations qui ont des contenus froids, qui s’adressent à des logiques de recherche (économie, santé, environnement et autres) devraient établir une présence tant le nombre de chercheurs est impressionnant. Par ailleurs, pas mal de journalistes et experts médiatiques y sont et cela peut être de bons relais dans le cadre d’une communication corporate.
Il faudra cependant voir si les échanges vont perdurer à travers le temps. Le fait qu’il y ait un peu un phénomène “chambre à echo” pourrait décourager les utilisateurs. Par contre, la France, au même titre que l’Allemagne ont des communautés d’intérêts sur Bluesky, même si la plateforme a surtout explosé aux Etats-Unis.
Un écosystème plus large et plus structuré
Pour rappel, avant nous avions en une minuscule communauté au départ avec des intérêts très disparates :
Cette fois-ci, on a un écosystème deux fois plus grand (plus de 60 000 utilisateurs qui follow au moins deux fois par les acteurs de notre panel)
Toujours très à gauche et un regroupement de tous les acteurs dans une communauté média et politique.
La plateforme est toujours très à gauche et n’a que très peu de présence de droite. Ca manque clairement de politiques dans la présence par rapport à X.
Les commautés Avocats et droits, culture et jeux videos ne ressortent pas. Les acteurs sont toujours présents, mais ils sont dans l’ensemble “Médias & politiques”.
Une présence impressionnante et très large de professeurs et chercheurs
La chose la plus évidente et la plus impressionante, c’est le nombre de chercheurs et de professeurs dans l’écosystème.
- Une communauté d’économiste de très bonne qualité au niveau international avec de nombreux chercheurs.
- Toute la communauté autour des chercheurs du climat. Accompagné des journalistes spécialisés sur le sujet.
- Une communauté d’historiens extrêmement fournie également avec d’autres chercheurs de quelques autres disciplines. (Sciences politiques, sociologie, sciences humaines)
Des pays où Bluesky est plus important
Il est évident que Bluesky a plus d’impact outre-atlantique, aux USA et au Canada suite à la victoire de Donald Trump. Outre ces pays, l’Allemagne a clairement une forte présence puisqu’elle a rejailli de notre panel par les voies européennes. De nombreux think tank européens sont d’ailleurs présents.
Des capacités techniques toujours très en-deça
Même si Bluesky avance techniquement, notamment avec l’introduction de fonctionnalités multimédias,à savoir la possibilité de publier des vidéos et des GIFs, certaines fonctionnalités présentes sur X restent absentes de Bluesky. Par exemple, la gestion des threads pour structurer des discussions longues et complexes n’est pas encore optimisée. De plus, des outils tels que les messages privés, les sondages ou une recommandation algorithmique avancée des comptes à suivre ne sont pas encore disponibles sur la plateforme. Ces lacunes peuvent limiter l’engagement des utilisateurs habitués à ces outils sur X.
Ca reste donc hyper léger. De quoi freiner l’adoption de la plateforme.
Des contenus comme X
Les contenus sont comme sur X lorsqu’on navigue sur la plateforme. Par contre, les échanges sont évidemment plus constructifs, froids, et experts. Sans doute une des raisons du succès de la plateforme pour le moment.