De nombreux enseignements peuvent être pris de l’ensemble de ce qui s’est passé au long de cette longue semaine. Petite revue du décryptage de ces événements sur les réseaux sociaux :
- Les 6 phases d’une crise sur les réseaux sociaux
- La résurgence des traces dans une situation de crise
- Le mécanisme des fausses alertes
- Les légendes urbaines et la rumeur
- Les erreurs journalistiques
- Les complots
- La nouvelle propagation de l’information
- Le citoyen-acteur
Pour rappel, le fil complet des attentats sur Twitter est disponible ici. Bonne lecture !
I. Confirmation des phases identifiées durant #JesuisCharlie
Durant les attentats de JeSuiSCharlie, j’avais réussi à identifier les différentes phases par lesquels les internautes passaient sur les réseaux sociaux. Celles-ci étaient les suivantes :
- La phase d’événement : annoncer partout l’information
- La phase émotionnelle : la commenter avec son ressenti
- La phase de transition : l’attente et le partage avec les autres
- La phase de rationalisation : organisation de l’espace collectif. Réunion autour d’un hashtag commun et d’éléments de langage commun. Exclusion des gens qui se retrouve en dehors de l’espace commun.
- La phase d’intérêt : production ou apparition d’éléments nouveaux et d’éléments saillants. Profit de certains utilisateurs qui vont chercher à attirer le regard sur eux ou à “profiter” des événements.
- La phase de déstructuration : isolement de la majorité. Le rejet de cette dernière va définir leur identité.
Petite revue des différentes phases
1. Phase d’information
Tout le monde suit le cours de sa vie, vaguant à ses occupations. Soudain, l’information survient. Les premiers sites d’information en ligne parlent de l’événement et l’on apprend qu’une fusillade a lieu. Durant cette période, les réactions sont dites « neutres » : ce qui compte est la propagation de l’information pure et dure.
Dans le cadre de cette phase informationnelle, la plupart des hashtags portent surtout le lieu où cela se passe : #bataclan, #FusilladeParis, #ParisAttentat, #fusillade, #ParisAttacks
2. La phase émotionnelle
Durant celle-ci, l’émotion va être exprimée : la colère, la peur, la tristesse et surtout parfois l’incrédulité.
https://twitter.com/irenebrgs/status/665283136788570112
Très souvent ces commentaires d’émotion se déroulent sans hashtag.
3. La phase de transition
La phase de transition s’explique par la rapidité de la propagation de l’information. Nous ne sommes pas égaux par rapport à la réception de celle-ci. Avons-nous un smartphone ? Avons-nous un métier « passif » ? Toutes ces variables font que nous ne vivons pas la même phase au même moment. On va donc voir les deux précédentes phases se conjuguer alors que de nouvelles informations vont survenir des lieux du direct. (On aura donc de nouveau une phase d’information et peut-être une phase émotionnelle en fonction de la nouvelle information (un policier est mort, photographie de la mort du policier, etc.)
Même le Premier ministre belge et le ministre des Affaires étrangères n’étaient pas au courant 40 minutes après les premiers tweets :
4. Phase d’organisation
L’information est maintenant répandue. On va observer une phase d’organisation. Les gens vont se structurer et choisir leur hashtag pour communiquer. Les premiers éléments de langages vont éclore tel un consensus collectif social. Les valeurs les plus fortes et les plus répandues vont faire éclore le chemin des conversations. Tous les éléments discordants envers ce consensus sont pointés du doigt. Le Hashtag PrayForParis sera un des plus utilisés. En réalité, ce hashtag provient de l’étranger en phase d’émotion et Le Figaro l’emporte en indiquant aux autres que c’est celui-ci qui émerge :
Et bien plagié par Le Monde Histoire :
Le hashtag Portes Ouverte va également être un des plus partagés et la meilleure illustration de la phase d’organisation :
Enfin, rechercheParis est également un hashtag d’organisation. Il n’y a pas que les hashtags qui s’organisent, mais également les éléments de langage. Dans le cas de cette crise, les éléments identitaires de la France ont beaucoup été repris (drapeau, Marseillaise, etc.)
Va s’organiser une “police” de l’organisation qui va par exemple condamner certains tweets et indiquer qu’il “faudrait mieux partager les demandes de recherches ou les #PortesOuvertes”. Dernière remarque, la phase d’organisation est toujours positive.
5. Phase d’intérêt
– Intérêt dans le sens d’intéressant, c’est à dire des contenus qui vont apporter des détails à l’information ou qui seront connexes à celle-ci.
– Intėrêt dans le sens rapace du terme. On assiste ainsi aux habituels produits dérivés :
Les premiers montages et citations de grands philosophes arrivent également :
Ces montages s’ils paraissent positifs cachent en réalité des besoins d’attention :
Dans le même genre, Facebook se met comme les autres aux “couleurs nationales” en proposant aux internautes de changer leur photographie :
Un compte de plaisantin menace également un avion d’Air France ce qui mène à l’évacuation de celui-ci :
On voit également surgir les publicités ratées ou malencontreuses
Tout comme toutes les personnes qui signalent leur interview, leur livre ou leur passage sur des plateaux TV :
Sans oublier la blague qui fonctionne et qu’il faut donc s’empresser de sponsoriser :
Encore plus cynique, ceux qui récupèrent des vidéos qui ne leur appartiennent pas pour récupérer de l’argent et le spam sur Twitter :
https://twitter.com/samuellaurent/status/666250734720172032
On en oublierait presque le pianiste des premiers jours :
On ne peut pas dire que le piano soit l’instrument le plus itinérant possible. Venant à l’endroit où il y avait le plus de journalistes, il s’agit clairement d’une autopromotion à peu de frais.
6. La phase de déstructuration :
Durant cette phase, on va observer la formation de communautés qui vont sortir de la majorité. Celles-ci vont se structurer et faire bloc. Ils rejettent la version générale et le mécontentement exprimé par la majorité n’a pas d’effet négatif sur le mouvement. Au contraire, cela le structure et définit son identité.
- Le hashtag PrayForParis n’est pas bon, car il est religieux
- On ne devrait pas chanter la Marseillaise, car c’est un discours guerrier
- JeSuisunchien pour un chien ? Vous êtes sérieux ?
L’enseignement
La chaîne de propagation est désormais connue et permet de prévoir ce que feront les foules à l’avenir. Également, ce qui est important dans cette théorisation et qui peut donner un vrai apport aux journalistes et aux citoyens, c’est que si l’on peut estimer les sources de Twitter fiables durant les deux premières phases, une fois celles-ci passées, il faut faire très attention à toute information qui sort, car beaucoup chercheront à duper les gens, à créer leur propre rumeur ou avoir un peu de gloire éphémère. C’est ce qui ressort clairement du compte-rendu des événements depuis Twitter.
II. La résurgence des traces
Durant les attaques de JeSuisCharlie, on avait pu voir la résurgence de traces numériques autour des auteurs des attentats. Ici, on a pu sortir un ancien reportage montrant le chef d’équipe, mais on n’avait aucun nom. Beaucoup vont alors récupérer des informations datant de moments antérieurs comme ceci qui date de 2010 :
https://twitter.com/ryan1418/status/665495596581724160
Ou cet article qui date d’août 2015 :
Tout comme cette vieille interview :
Donald Trump est également la cible des gens après le partage de cette ancienne déclaration qui se trouvait dans mon article des attentats de Charlie Hebdo :
De même, du côté de la presse, on joue exactement au même jeu :
On a également vu des articles à propos d’Anonymous datant de mars 2015 resurgir :
Plus grave à mon sens, le journal 20minutes a récupéré une image de la propagande de l’État Islamique datant d’il y a deux mois pour illustrer un article, et ce faisant jouer le jeu des terroristes :
Tandis que pour certains médias, on fait état de traces existantes qui disparaissent ou sont modifiées : (même si je n’ai pas pu vérifier l’information et que c’est repris par les sites complotistes, ce qui est généralement mauvais signe)
Enfin, rappelons la fameuse étude sur les “tweets positifs et négatifs” des différents pays dont j’ai démontré qu’elle ne valait absolument rien.
L’enseignement
Cela montre l’importance de faire très attention aux flux qui circulent. En effet, des informations du passé peuvent prendre une nouvelle connotation au regard des événements. Cela indique aussi que toute trace du passé peut faire l’objet d’une renaissance ce que j’avais déjà pu pointé sous la bannière de ma théorie du marqueur temporel.
III. Le mécanisme des “fausses alertes”
Nous avons vécu de multiples fausses alertes. Il est donc important de comprendre la narration de celle-ci pour en décrypter les rouages. Dans le compte-rendu, nous avons pu voir d’autres microphénomènes sans fondement réel que je classerais plus dans la catégorie “légende urbaine” à la suite de ce point. Ici, je m’intéresse aux vraies fausses alertes, c’est-a-dire celles qui ont un élément tangible au départ.
1. Un vrai événement se déroule
Un vrai événement se déroule, à savoir un pétard ou toute autre perception de l’ordre du réel. Il faut mettre un nom sur cette perception. Cela peut être une perception de coup de feu :
https://twitter.com/BCousinne/status/665507783710793728
Ou une perception d’explosion :
https://twitter.com/behaaappyy/status/665500260534456320
Ces perceptions sont réelles pour ceux qui les propagent. De même qu’une explosion de lampe de chauffage a été perçue comme une explosion durant un autre phénomène (celui de la Place de la République) :
2. La requalification de la perception
La perception identifiée par des témoins primaires va ensuite être requalifiée par d’autres. Exemple ici du cas de l’explosion qui devient bombe ou “attaque” (qui implique une opposition entre deux camps) pour Bagnolet :
https://twitter.com/Ju_ofButterfly/status/665505557252567040
3. La répercussion et ajouts à la “rumeur”
La rumeur se propage par des personnes qui ne sont pas sur les lieux qui captent les témoignages primaires qui y ajoutent élément. Cet élément peut être un message de prévention :
https://twitter.com/recherche_paris/status/665508941250617344
https://twitter.com/ekavch/status/665950882786353152
À noter que ce mécanisme de prévention est le même que celui qu’on voit dans le phénomène des légendes urbaines qui ont généralement toujours un message de prévention derrière. (Ne sortez pas la nuit, etc.)
Mais cet élément peut également être carrément une autre rumeur pour rendre cette dernière “plus vraie” :
4. L’apparente confirmation de la rumeur par des éléments extérieurs :
Des éléments extérieurs (sirènes, policiers présents, hélicoptères, etc.) au fait en lui-même vont venir confirmer l’alerte et seront utilisés par les témoins primaires comme argument dans le cas où l’on questionnerait leur témoignage :
https://twitter.com/lwtnlarry/status/665283329692991488
https://twitter.com/behaaappyy/status/665509158909812736
Et pour cause, dans les cas de fausse alerte, la police se doit de vérifier la chose :
https://twitter.com/rebeccatopakian/status/665596422495055876
Cela fait dire qu’il se passe “effectivement quelque chose” alors qu’en fait tous ces signes découlent directement de l’alerte lancée au départ par la fausse alerte.
L’absence de cela, amène aussi certains à croire qu’il ne se passe rien :
https://twitter.com/Nxst_P/status/665598180340318208
5. Les premiers contre-signaux
Vont alors surgir le doute par des témoins oculaires :
6. Un journaliste reprend le témoignage d’un officiel qui donne une première indication
7. Les médias confirment la fausse alerte :
L’enseignement
Ce phasage nous montre qu’une fausse alerte peut naître d’une véritable perception, mais que le vrai danger est le témoin secondaire. L’ami de l’ami qui a vu que l’ami a dit que. Parce qu’en passant d’un témoin primaire à un témoin secondaire, la qualification de la perception peut changer, ce qui peut instaurer un climat de psychose et démultiplier les événements.
Par ailleurs, certains témoins seront certains de leur fait, mais se justifieront par des non-preuves qui découlent, dans une prophétie autoréalisatrice de leur propre témoignage.
IV. Les légendes urbaines et rumeurs
Bruno Renard décrit la légende urbaine comme « Récit anonyme, présentant de multiples variantes, de forme brève, au contenu surprenant, raconté comme vrai et récent dans un milieu social dont il exprime les peurs et les aspirations. » (Jean-Bruno Renard. Rumeurs et légendes urbaines. Presse Universitaire de France. 2006. p.6)
Elles se déroulent, pour la plupart, dans des non-lieux. (Sur des autoroutes, dans la rue, etc.)
En général, ces récits sont accompagnés de messages assez négatifs de mise en garde par rapport au monde extérieur qualifié de dangereux. En effet, dans les histoires proposées, cela se passe souvent la nuit et avec des enfants. Or, il est de bon ton de dire qu’il ne faut jamais sortir tard le soir.
Ainsi, sous diverses formes, on a vu émerger ce sms de chaîne qui mettait en grande contre un mail.
Cette information a été démentie par le SIG par la suite :
Il s’agit typiquement d’une information qui circule et qui se veut sensibilisatrice “n’ouvrez pas n’importe quel mail”. Une autre légende urbaine est également née sur Facebook et a fait qu’il y a eu des investigations. Cet individu a posté le message suivant :
On voit très clairement le but final : “évitez d’aller dans les grandes surfaces”. Au final, il y a un objectif de prévention.
L’enseignement
Dans toute situation de crise, on verra éclore des rumeurs et fausses informations qui auront pour but de donner un message de prévention. Ces gens n’ont au fond pas l’impression de faire du mal en faisant cela.
V. Les erreurs journalistiques
Comme à chaque événement de grande ampleur, les journalistes sont mis sous le radar. Si les journaux TV ont dans l’ensemble bien respecté tous les consignes et enseignements des précédents attentats, la presse écrite est, elle, en berne. Il y aura eu la fameuse étude sur les “tweets positifs et négatifs” des différents pays dont j’ai démontré qu’elle ne valait absolument rien. On a eu Sudpresse qui a décidé de diffuser la photographie de cadavre en sang dans la salle du bataclan et ceci contre toute déontologie et demande des autorités françaises. Le même journal qui a publié par erreur la photographie d’un innocent qui a subi un photomontage :
Plutôt que de supprimer l’article, le torchon Sudpresse a uniquement dit “que la photo faisait le buzz” :
En parlant de torchon, Morandini a encore fait fort avec un tweet désormais supprimé :
Signalons aussi l’erreur de cette journaliste apprentie qui s’est malheureusement trompée sur un cas dramatique :
Ce n’est rien comparé à l’erreur de la DH et HLN, quotidien belge qui vont utiliser la photographie d’un innocent comme terroriste en pleine une :
L’enseignement
La fatigue, l’appât du gain et le besoin de rapidité fera qu’il y aura de toute façon toujours des médias qui feront des faux pas.
VI. Les complots
À chaque attentat, c’est une des premières questions des journalistes, quelles sont les théories du complot ? Cette fois, elles n’ont pas été autant partagées que les fois précédentes. La cible qui n’est plus juive en est certainement pour beaucoup. La première vue fut celle-ci :
On a également eu le fait que le détenteur du Bataclan aurait vendu le bâtiment pour “fuir” en Israël :
Pour le même site, Éric de Rothschild aurait été prévenu et montre des preuves :
Il y a eu également cette femme.
Dans le réseau Voltaire/Alterinfo, on s’étonne à nouveau de la présence du passeport en disant :
“Faut-il en rire ou en pleurer : depuis le 11 septembre 2001, il n’est pas d’attentat terroriste sans que les coupables, censés se cacher, ne se fassent identifier en laissant derrière eux leurs papiers d’identité. Pour le sociologue Jean-Claude Paye, l’apparente stupidité répétitive des terroristes doit être interprétée comme un artifice rhétorique du Pouvoir pour sidérer les citoyens. C’est parce que le récit officiel est absurde qu’on ne peut pas, qu’on ne doit pas le contester.”
Sur les Moutons Enragés, c’est une vidéo censée nous montrer la vérité qui fait mouche :
Dans un autre article, ils posent les bases de la théorie du complot en rejetant l’hypothèse pour le moment :
“Il faut bien reconnaître que les avantages que certains vont en tirer à l’approche de la COP21 sont nombreux, une sécurité largement renforcée et justifiée, des moyens d’enquête lus conséquents, cela justifie certaines lois sur la surveillance des citoyens, et certaines décisions politiques, mais rien, vraiment rien ne nous autorise pour l’heure à nous diriger dans le sens du complot.”
Pour le site Wikistrike, la preuve se trouve dans les frontières :
“Trente mille policiers, lesquels ont été mobilisés pour cette opération de contrôle aux frontières devant durer un mois dans le cadre de la conférence de Paris sur le climat (COP21). Comme c’est bizarre… Après les attentats le même jour, cette fermeture des frontières se trouve prolongée avec l’État d’urgence décrété…”
Autre hasard que pointe le site :
“Le jour même des attentats, vendredi 13 novembre 2015, toujours le même, non vous ne rêvez pas, est présenté le matin même le nouveau “Plan Armes” du gouvernement visant à renforcer le contrôle des armes et des identités aux frontières sur le territoire national et européen.”
Il pointe aussi le fait que COMME PAR HASARD (les complotistes adorent le hasard) il y avait un exercice de crise dans les hôpitaux :
“Un exercice simulant des attentats a été conduit le matin même de l’attaque par les services d’urgence hospitaliers, sous le contrôle des ministères de l’Intérieur (tiens encore Cazeneuve…) et de la Défense.”
Voici les cartes posées pour que le site donne sa conclusion indubitable :
“Ainsi, quand on fait déjà un premier scan des événements, c’est-a-dire juste une petite analyse globale, on se rend compte à quel point la thèse officielle des attentats vole en éclats, cédant sous la pression simple et logique des faits. Les faits sont accablants, et tout cela démontre que les attentats de Paris ont bien été planifiés par les hauts services de l’État français.”
Autre passage magnifique :
“Wikistrike va maintenant résoudre en direct l’énigme. La clé de compréhension résidait dans le cas Brahim Abdselam que personne n’a vu… à part nous. Et que nous venons d’élucider quelques lignes plus haut.
Le premier djihadiste se surprend lui-même à exploser, c’est pourquoi il y aura un mort… Car ce n’est pas lui qui déclenche le minuteur, secondement, les services secrets ne le préviennent pas, donc ces derniers ne pouvaient pas savoir qu’au moment même où ils actionnaient le minuteur, le djihadiste frôlait une personne.”
Bref c’est magique et c’est accessible ici. À noter que vous pourrez également découvrir que l’attentat du Bataclan aurait pu être évité si les policiers avaient décroché le téléphone.
Du côté de stop mensonge, dans “Attentats de Paris, vous nous prenez vraiment pour des neuneus !”, s’étonne des passeports et prévient :
“Les choses vont s’empirer dans les semaines et mois a venir, car la Cabale est totalement désespérée. En fait la majorité d’entre eux savent qu’ils ont déjà perdu. Certains se sont déjà rendus. Mais il reste un noyau dur de la Cabale qui refuse de se rendre et pour eux la seule façon de s’en tirer ce serait la troisième guerre mondiale.”
Sur Truthernews, c’est carrément un journaliste qui a prédit 4 jours avant les attentats, car ils sont menés par la CIA :
Depuis, il est en danger de mort et s’est depuis réfugié en Syrie.
Selon Nouvelle de France, la France ne bombarderait que du vide tandis que Ribery est allé à la Mecque avec un des terroristes
Finissons également avec une information “réseaux sociaux” relayée par Égalité et Réconciliation et venant aussi de Panamza : l’outil “Safety Check” de Facebook a été développé par un Israélien issu du renseignement militaire.
L’enseignement
Les journalistes ne semblent se porter sur la théorie du complot que lorsqu’il se déroule un attentat. Or, ces gens fabriquent et écrivent quotidiennement un nombre tout à fait incroyable d’articles. Il est donc logique qu’ils se servent de l’actualité comme inspiration. Or pendant un attentat, les médias ne parlent que de cela. Il est donc également logique qu’ils le fassent.
VII. La nouvelle propagation de l’information en temps de crise ?
Il est devenu évident même pour les médias que l’information sort d’abord sur Twitter par des citoyens. Du coup, ceux-ci s’organisent et ont bien compris qu’ils devaient agir comme un “garant de l’information”
https://twitter.com/samuellaurent/status/665465934216327168
On migre donc de plus en plus vers un modèle où les citoyens envoient des informations à tout le monde et le journaliste les authentifie et les traite. Au 3 ème échelon, on retrouve l’état qui joue le rôle d’authentification.
Seul grain de sable dans cette nouvelle chaîne de propagation de l’information, tous ces comptes Twitter créés pour concurrencer les agences de presse. Infos180, Breaking3zeros, lesnews, tous des sites qui font quotidiennement de l’information et qui paraissent être fiables et de vraies agences de presse. Pourtant, ce sont en fait de parfaits citoyens ou journalistes à temps partiel qui régissent ces comptes. Ils ont l’audience d’un média sans les moyens d’un média ce qui pose une véritable question éthique.
Par ailleurs, l’état est également parfois garant d’informations que lui seul possède et qu’il met parfois longtemps à donner. Or, sur les réseaux sociaux, les gens suivent les sources d’information dont ils pensent que c’est là que l’information tombera en premier. Dès lors, les messages suivants :
Sont du gaspillage de temps, tant il est évident que les gens ne suivront pas ces indications. C’est un fait certain. Je prends toujours la parabole de la célèbre phrase d’Eric Cantonna :
Le fait est que les gens sont comme les mouettes, ils suivent les chalutiers qui vont lâcher des poissons. Pourquoi les gens regardent-ils davantage BFM TV que toute autre chaîne d’information continue ? Parce qu’ils savent qu’ils ne reculeront devant rien pour obtenir des informations. Qu’importe leur éthique. Du coup, l’enjeu de l’état sur les réseaux sociaux est d’obtenir le regard des gens et d’apparaître comme étant la source qui donne parfois les informations en premier. Cela n’a clairement pas été assez fait.
Quelque chose m’a particulièrement marqué, c’est le fait que le lendemain des attentats, lors du premier JT de la RTBF, le passage qui résumait le mieux les événements était une revue des différentes vidéos glanées sur les réseaux sociaux avec le communiqué de presse lu par la voix off de la propagande francophone de l’État Islamique pour les commenter. Le fait est qu’il a fallu attendre 19 h pour avoir des informations de la part du procureur de la République. Les autres interviews n’ont fait que commenter la crise (“nous sommes en guerre”, etc.), mais n’ont pas informé sur la crise. Cela a permis à l’État Islamique de passer EXACTEMENT son communiqué de presse en période de grande écoute. Assez incroyable.
Également, on a eu de nombreuses rumeurs qui ont éclôt sur les réseaux sociaux alors qu’elles apparaissaient dès le départ douteuses. Elles se sont propagées à mon sens parce que les gens avaient l’intime conviction que si l’information sortait, ce ne serait pas l’État qui leur annoncerait, mais Twitter. On voit donc que cette propagation de l’information est en train de s’organiser, mais qu’il existe encore des problématiques en suspens .
VIII. Le citoyen-acteur
Enfin, l’une des choses les plus importantes de cette crise, c’est l’éclosion totale du concept de citoyen-acteur. On avait déjà pu le voir avec le citoyen qui protège la liberté d’expression dans de gigantesques manifestations comme avec les “héros” du thalys. Le citoyen-acteur est celui que l’on ne voit pas dans la vie de tous les jours, mais qui “s’active”.
Alors qu’auparavant, l’État aurait du ouvrir des gymnases, installer des tentes, et autres actions, le citoyen s’est activé lui-même pour héberger les gens qui étaient bloqués par les attentats à travers #PorteOuverte, un simple hashtag pour s’organiser entre citoyens.
#RechercheParis, un simple hashtag pour organiser la recherche des victimes et l’information aux familles, alors qu’il s’agit généralement d’une prérogative de l’État. Pour mener tout cela, un des comptes Twitter créés était géré par une fille de… 15 ans !
https://twitter.com/SOSParis1311/status/665539327879966721
De même, pour la première fois en situation d’attentat, l’association Visov, collectif de citoyens, s’est activé autour des #msgu. (médias sociaux en situation d’urgence) Il y a fort à parier que cette tendance du citoyen qui “s’active” prenne encore de l’ampleur et c’est tant mieux.