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Les 6 phases d’un attentat sur les réseaux sociaux. Le cas de Nice

Comme d’habitude, le déroulé des informations est le même à chaque crise et se sépare en 6 phases distinctes. La seule différence se situe dans le fait que toutes ces phases se déroulent de plus en plus rapidement.
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La phase d’information
Tout le monde suit le cours de sa vie, vaguant à ses occupations. Soudain, l’information survient. Les premiers sites d’information en ligne parlent de l’événement et l’on apprend qu’une fusillade a lieu. Durant cette période, les réactions sont dites « neutres » : ce qui compte est la propagation de l’information pure et dure.
Il y a eu des coups de feu sur la promenade des anglais ! #Nice
— Cedric (@MrBoukaiaCedric) July 14, 2016
❗URGENT – Mouvement de panique sur la Promenade des Anglais à Nice, après qu'un camion a foncé sur la foule. pic.twitter.com/bgkKCmOIJQ
— Infos Françaises (@InfosFrancaises) July 14, 2016
Durant cette phase, la plupart des tweets comportent des hashtags basiques : Nice, Nice06
2. La phase d’émotion
l’émotion va être exprimée : la colère, la peur, la tristesse et surtout parfois l’incrédulité.
c'est pas vrai, on est en démocratie bordel stoppez c'est malade #AttentatNice #Nice
— emma (@emmayonnaisee) July 14, 2016
https://twitter.com/ChristineBravo7/status/753717576379801600
Souvent ces commentaires sont sans hashtag, destiné aux « followers ». Si des hashtags se glissent, ils sont généralement ceux de la phase d’information ou de transition.
3. La phase de transition
La phase de transition s’explique par la rapidité de la propagation de l’information. Nous ne sommes pas égaux par rapport à la réception de celle-ci. Avons-nous un smartphone ? Avons-nous un métier « passif » ? Toutes ces variables font que nous ne vivons pas la même phase au même moment. On va donc voir les deux précédentes phases se conjuguer alors que de nouvelles informations vont survenir des lieux du direct. (On aura donc de nouveau une phase d’information et peut-être une phase émotionnelle en fonction de la nouvelle information. Surtout ici dans le cas de Nice, où nous avons finalement un événement qui se déroule assez tard et dans une période estivale.
Wouah je viens d'apprendre pour Nice c'est chaud… Courage aux familles des victimes
— Jérémy Tilah (@Tilah) July 14, 2016
Va également s’opérer un « switch » des hashtags dans les conversations. Le hashtag de la ville devient trop difficile à suivre, et pas forcement toujours pertinent. On migre alors vers une fusion entre la ville et l’énoncé du type d’événement. Dans notre cas, on verra NiceAttentat, AttentatNice ou NiceAttaque. Le gros de l’histoire est désormais également connu. Durant cette période, des rumeurs circulent ça-et-là.
4. La phase d’organisation
L’information est maintenant répandue. On va observer une phase d’organisation. Les gens vont se structurer et choisir leur hashtag pour communiquer. Les premiers éléments de langages vont éclore tel un consensus collectif social. Les valeurs les plus fortes et les plus répandues vont faire éclore le chemin des conversations. Tous les éléments discordants envers ce consensus sont pointés du doigt. Dans notre cas, il y aura une image autour de Nice, PortesOuvertesNice et RechercheNice.
#PortesOuvertesNice : la solidarité se met en place après l'attaque meurtrière https://t.co/T1fQbyBpiN
— Le Parisien (@le_Parisien) July 14, 2016
#RechercheNice Sans nouvelle de leurs proches, ils lancent un appel en ligne. Toutes les informations et les numéros https://t.co/D4G0Svge3E
— Le Monde (@lemondefr) July 15, 2016
Attentat de #Nice : le monde du sport rend hommage aux victimes https://t.co/ZtLmx4dlP2 pic.twitter.com/Bs517xH7zi
— Le Point (@LePoint) July 15, 2016
Très important, mais il faut savoir que la phase d’organisation est toujours positive.
5. La phase d’intérêt
La phase d’intérêt a deux sens :
– Intérêt dans le sens d’intéressant, c’est à dire des contenus qui vont apporter des détails à l’information ou qui seront connexes à celle-ci. La vidéo du camion, des informations sur ses fréquentations, etc.
– Intérêt dans le sens rapace du terme. On assiste ainsi aux habituels produits dérivés et aux promotions d' »artistes »
Mais aussi aux quidams qui veulent vendre leur vidéo, avoir du contenu exclusif, partage des citations niaises en tout genre. Tout cela dans le but d’avoir des followers.
Les marques vont aussi entrer dans la danse :
6. La phase de désorganisation
Durant cette phase, on va observer la formation de communautés qui vont sortir de la majorité. Celles-ci vont se structurer et faire bloc. Ils rejettent la version générale et le mécontentement exprimé par la majorité n’a pas d’effet négatif sur le mouvement. Au contraire, cela le structure et définit son identité.
- Le hashtag PrayForNice est trop religieux
- Je ne suis pas Charlie
Pray for Nice, pray for…Pourquoi faut-il prier? Pourquoi encore inclure la religion dans un acte de support qui n'a rien de religieux?
— Didier Calmels (@zigzag76) July 15, 2016
On va pointer du doigt ceux qui sortent du lot. Les « non-Charlie » :
Tout le monde ne pleure pas sur Nice. pic.twitter.com/RmsEe0W77e
— Maitre Eolas ✏️ (@Maitre_Eolas) July 17, 2016
Ainsi que les faux discours :
Généralement, on va également pointer du doigt ceux qui n’ont « pas été à la hauteur », soit des restaurants, bars et autres. La plupart du temps, si l’on y regarde bien, il n’y a pourtant pas grand-chose à leur reprocher. Ici pour le grand Balcon, mais c’était le Banana Café durant novembre.
Enfin, l’extrême droite va sortir un hashtag spécial monté en épingle donc j’explique dans un autre article les artifices. En image, la succession des phases sous forme de volume de tweets.