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Mémoires des crises 2.0 : 2016 (Janvier)

À peine le bilan des crises 2.0 de l’année 2016 fourni que l’année 2016 s’ouvre déjà pour les mémoires des crises 2.0. Et force est de constater que l’on commence relativement fort avec 8 cas, et ce alors que j’avais annoncé un nouveau tassement, voire une domination du nombre de cas pour 2016.
1.White People Meet
Lieu d’où survient la crise : offline,
Lieu de mécontentement : Twitter/Facebook
Niveau de crise : 1
Un site de rencontre va susciter la polémique sur la scène médiatique anglophone à tel point que la presse francophone va également en faire l’écho. Le but du site ? Que vous vous rencontriez entre blancs.
Le créateur du site avait vraisemblablement tout prévu selon Huffington Post et parlera d’opportunité égale. Selon lui, il n’est pas du tout raciste puisqu' »il a une fois eu un rencard avec une femme de couleur noire ». Il a même aidé à éduquer un jeune enfant noir et revendique son droit à l’égalité pour tous face à l’hypocrisie du fait que si le site avait été Black People Meet, on n’en aurait pas autant fait.
Enseignements :
- Vraisemblablement piloté pour faire parler de soi. Et cela a marché !
2. Le Festival de la BD d’Angoulême
Lieu d’où survient la crise : Facebook
Lieu de mécontentement : Twitter/Facebook/Blog
Niveau de crise : 3
C’est assurément la crise de ce début d’année. Le Festival de la BD d’Angoulême annonce la liste des nominés pour son grand prix. Dans celle-ci : aucune femme. Riad Sattouf va alors utiliser Facebook pour annoncer qu’il refuse sa nomination.
La polémique va alors grandir de partout, tous les médias se faisant le relais de l’action de protestation, tandis que d’autres dessinateurs se mobilisent également. Un Hashtag #WomenDoBD éclate même pour montrer à quel point les femmes sont bonnes en bandes dessinées. Celui-ci rassemblera 9500 tweets en plus des protestations. L’organisation va alors annoncer un rétropédalage total et proposer de nouvelles nominations avec des femmes à l’intérieur (dont une qui sera dans les finalistes) presque tous les articles qui annonceront le vainqueur, le Belge Hermann, parleront encore de la polémique allant parfois jusqu’à dire que le festival « veut faire oublier la polémique ». Et tout cela a démarré d’un simple post Facebook.
Enseignements :
- À force de grandir et à l’heure où Barbie modifie ses standards, le féminisme va bientôt obtenir ses lettres de noblesse.
3. La FIFA
Lieu d’où survient la crise : offline,
Lieu de mécontentement : Twitter/Facebook
Niveau de crise : 1
La boulette du début d’année. La FIFA a annoncé à l’avance les vainqueurs du Ballon d’Or 2015 sur son site internet.
La FIFA aurait accidentellement annoncé le vainqueur du Ballon d'Or 2015 sur son site internet : Leo Messi. pic.twitter.com/Y6qsqlyOI2
— Vines & Actu Foot (@vinesfoot) January 6, 2016
Il n’en fallait pas plus pour que la Fédération soit à nouveau raillée de partout.
Enseignements :
- Un fail.
4. Netflix
Lieu d’où survient la crise : Site internet
Lieu de mécontentement : Twitter/Facebook
Niveau de crise : 1
Parmi l’énorme bouquet mis à la disposition de ses utilisateurs par Netflix, des internautes vont trouver un film dont le doublage francophone laisse quelque peu à désirer.
Le tout est simplement loufoque et ce qui était une raillerie de Twittos est transformé en produit à Buzz pour les médias. Netflix va alors avoir une réponse tout à fait magnifique :
@lesinrocks Juste une mise au point… pic.twitter.com/yhRFRxNTpF
— Netflix FR & BE (@NetflixFR) January 14, 2016
Enseignements :
- Quand la crisounette est là, il suffit d’une pirouette de talent pour s’en sortir avec brio
5. Séoul Secret
Lieu d’où survient la crise : YouTube,
Lieu de mécontentement : Twitter/Facebook/YouTube
Niveau de crise : 2
Une publicité coréenne va susciter une vive polémique à travers le monde en raison de la promotion de la peau blanche qu’elle propage.
Le slogan n’est autre que « Le blanc fait de vous un gagnant. »
Face à la vive contestation, l’entreprise va alors se fendre d’un communiqué :
« Nous désirons nous excuser pour cette erreur et nous prenons notre entière responsabilité par rapport à cet incident. Notre entreprise n’avait aucune envie de propager de messages racistes ou discriminatoires. Nous voulons exprimer nos sincères excuses et vous remercier pour l’ensemble des commentaires. Dès à présent, nous avons retiré le clip vidéo, les publicités en rapport et toutes nos futures actions pour montrer notre pleine responsabilité dans cet incident. »
Enseignements :
- C’est tellement ridicule qu’on se demande ce qui a bien pu leur passer par la tête.
6. Gourmet Burger Kitchen
Lieu d’où survient la crise : offline,
Lieu de mécontentement : Twitter
Niveau de crise : 1
Il fallait bien un faux bad buzz dans le lot et cela vient de Gourmet Burger Kitchen qui a troll les vegans par publicités interposées.
@gbkburgers Loved GBK but apparently we're not welcome #vegetarian #vegan #resistanceisfutile #ieatgrasswiththem pic.twitter.com/jRY7cdyhtz
— EleanorRudd (@EleanorRudd) January 16, 2016
Il faut savoir qu’en Angleterre se déroule au mois de janvier le « Vegenuary Month », soit le mois des vegans. Les messages sont alors :
Les meilleurs du lot étant « “Le burger, c’est le nouveau Quinoa” ou “Elles mangent de l’herbe, vous n’avez pas à le faire”
Finalement, la marque de Burger s’excusera sur sa page Facebook :
“Notre dernière intention était d’offenser qui que ce soit, en particulier les végétariens que nous nourrissons depuis la création de notre premier restaurant” avant d’ajouter “Après avoir vu tous vos messages, nous avons pris la décision de retirer certaines de nos affiches. Nous proposerons toujours du boeuf, mais espérons ne marcher sur les convictions de personnes en en servant”
Enseignements :
- Trolling like a boss.
7. Carrefour
Lieu d’où survient la crise : Site Web
Lieu de mécontentement : Twitter/Facebook
Niveau de crise : 2
Petit événement local : une caissière handicapée à 80 % se fait licencier pour une erreur de 5,32 euros dans la caisse. Cela occasionne selon le directeur « un comportement frauduleux, pas en conformité avec les valeurs élémentaires de probité et d’honnêteté » ce qui occasionne un licenciement pour faute grave, et ce alors que le client qui n’a pas payé les 5,32 a depuis remboursé les marchandises.
L’histoire est alors racontée par le Parisien dont le premier partage sur Twitter est celui-ci :
https://t.co/sjp1xfJrDJ #carrefour #joptimism !!!! Vive les DRH nos nouveaux maîtres !
— Maurice (@MARADINM) January 27, 2016
À ce moment-là, aucune courbe de mention ne peut alerter Carrefour sur le fait qu’une crise est en train de se jouer :
Seulement le temps de 30 tweets sur le sujet que Libération reprend l’information sur son direct.
Une caissière de Carrefour Market licenciée pour une erreur de caisse de 5€ https://t.co/EEsXDYBniY via libe
— Ornella Mghn (@OrnellaMGHN) January 28, 2016
À ce moment, la crise se propage sur Facebook par article partagé, mais pas du tout sur Twitter ou même par les médias traditionnels. La compilation des mots autour de Carrefour ne trahit d’ailleurs rien à 10 h 30 :
Sur Twitter, les liens les plus partagés de la semaine sont par exemple :
Le 3e média francophone impliqué ne relayera l’affaire qu’à midi. Cela n’est que le 50e tweet posté sur l’affaire.
Une travailleuse handicapée caissière dans un Carrefour Market, licenciée pour un oubli de 5,02 euros. https://t.co/dBldTz4kNJ
— Senseï (@easy2fly) January 28, 2016
Le 51e est d’ailleurs un autre média : Le Monde
#Carrefour est obligé de titulariser une caissière handicapée… et la vire au premier accroc (5,02€ manquants).https://t.co/Hd0jNNqJoc
— Maître de conf' (@Maitre_de_conf) January 28, 2016
Et le 67e pour le JDD
Ben bravo #Carrefour..Une caissière licenciée pour avoir oublié de scanner un pack de bières et deux sacs plastiques https://t.co/B6QdUJozwo
— Vincent (@VinsRo) January 28, 2016
Et au 111e tweet :
Licenciement au #Carrefour de Mezieres. La chaîne me répond et réintègre l'employée. Bravo! pic.twitter.com/Ai6LGTexFC
— Vincy (@vincythomas) January 28, 2016
Ça n’est qu’à partir de ce moment que la majorité des tweets recensés vont apparaître. Pour bien comprendre, regardons la courbe des tweets obtenue cette fois grâce à Visibrain :
On voit parfaitement l’arrivée de l’article du Parisien, suivi de la reprise par les autres médias. L’histoire n’explose que vers 20 h sur Twitter. Par contre, sur Facebook, l’article du Parisien affichait plus de 12 500 partages à 9 h.
Enseignements :
- Même des entités locales peuvent subir un bad buzz national
- Facebook, quand ouvres-tu tes données ?
8. Coca Cola
Lieu d’où survient la crise : offline,
Lieu de mécontentement : Twitter/Facebook
Niveau de crise : 1
Le schéma est classique et Coca Cola le connaît déjà pour avoir vécu une crise de la même façon. Ils mettent à disposition des internautes des vidéos et images estampillées de la marque et demandent aux internautes de réaliser une vidéo avec ceux-ci. Résultat, une pluie de détournements négatifs, dont le plus retentissant, est :
Coca-Cola GIF maker provides a valuable lesson to brands on why you should never let the Internet customise anything pic.twitter.com/YpIz0JheFS
— Andrew Bloch (@AndrewBloch) January 29, 2016
Enseignements :
- Comme d’habitude, les campagnes peuvent être détournées à n’importe quel instant.
9. Le Journal du Dimanche
Lieu d’où survient la crise : offline,
Lieu de mécontentement : Twitter/Facebook
Niveau de crise : 1
Au finish de ce mois de janvier, le journal du dimanche va subir une petite tension sur Twitter à la suite d’un sondage plutôt tendancieux puisqu’à l’aide d’une étude Ipsos, Le JDD va dresser des sondages sur des stéréotypes.
Cela serait très partagé sur Facebook et sur Twitter, là où certains diront qu’une certaine bien-pensance est à l’oeuvre, signe qu’on vit dans une époque de tension, qui n’a pas besoin d’un énième sondage pour relancer les débats.
Enseignements :
- Les Quizz et sondages sont souvent sujets à crise.