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Mémoire des crises : 2015 (Décembre)

Et voici le dernier chapitre de ces mémoires des crises 2.0 de 2015 ! Un mois où Libération s’est particulièrement illustré.
100. Supergurl
Lieu d’où survient la crise : Site Web
Lieu de mécontentement : Twitter
Niveau de crise : 1
L’idée communication de décembre provient du site de Supergurl qui pour illustrer le caractère incroyable des soldes du Black Friday sur son site a affublé un bouton CTA « Rape Us » :
L’initiative a particulièrement été critiquée par les féministes sur Twitter. Le responsable a du s’excuser :
« J’aurais dû revoir le travail de mon graphiste avant de diffuser cette image sur le site. J’ai conscience que nous avons fait une erreur, et que cette phrase ne défend pas les valeurs des jeunes femmes aujourd’hui ».
Enseignements :
- Une tentative de bad buzz orchestré ?
101. Libération
Lieu d’où survient la crise : offline
Lieu de mécontentement : Twitter/Blog
Niveau de crise : 1
L’histoire commence lorsqu’un lecteur de Libération découvre un article appelé « la femme voilée du métro » qu’il juge insultant :
Dites @libe, je viens de lire cette HORREUR islamophobe et sexiste sur votre site. Vs êtes sérieux là? #LibéRacisme https://t.co/RuvfrGtWQj
— Marwan Muhammad (@Marwan_FX) December 8, 2015
Presque dans le même temps, la critique est également faite par Sihame Assbague
Bonjour @libe, Est-il normal qu'un journal "de gauche" publie un tel torchon sexiste & islamophobe ? #LibéRacisme https://t.co/OqlQfOzraA
— Sihame Assbague (@s_assbague) December 8, 2015
Cependant le lancement du hashtag semble piloté vu le flux de tweets lancés très rapidement :
Les indignés contactent également des associations susceptibles de prendre position :
Coucou @osezlefeminisme, Normalement, ça devrait vous scandaliser. Une réaction ? #LibéRacisme https://t.co/OqlQfOzraA
— Sihame Assbague (@s_assbague) December 8, 2015
En réalité, difficile pour moi de faire une quelconque narration parce que nous avons affaire clairement à une tentative d’astroturfing et de mobilisation 2.0.
Pour preuve, voici le volume sans les retweets :
Un ratio de 5 tweets par utilisateurs. Une fois que je mets les retweets, le montage est le même : 17 700 tweetes par uniquement 4640 utilisateurs.
Je décide donc de me concentrer sur ce qui semble être les leaders du mouvement. Pour Sihame Assbague, on trouve 7 tweets entre 9 et 11 h :
Pour tous les goûts, on retrouve pas moins de 11 tweets sur la même plage horaire :
Mention spéciale à Marwan_FX et ses 41 tweets :
- Pour Alkanz, on comptera au total 17 tweets.
- Pour Widadk, on comptera 17 tweets également.
- OneRadex, seulement 12 tweets.
Tout cela permet de se placer en trending topic :
Ça ne fait que 'commencer' mais je pense que @libe va trouver la journée très longue. #LibéRacisme pic.twitter.com/XDERIf9DIT
— Ugo S. ✏ (@Ugo_Semat) December 8, 2015
Avec le trending topic, les bots vont se mettre en marche :
https://twitter.com/Sarsu_u/status/674173047562219520
https://twitter.com/sabrineladjlat/status/674174541615259648
Cela va finalement toucher des gens en dehors de la communauté :
Après l'article de Luc Le Vaillant, @libe se fait troller sur #LibeRacisme
— David Thomson (@_DavidThomson) December 8, 2015
Tout le monde a le droit d'écrire ce qu'il veut. Et moi de payer ou non pour soutenir ceux que j'ai envie de lire. Question de valeurs.
— Mouloud Achour (@mouloudachour) December 8, 2015
(Bien qu’il semble qu’il ne paie pas 🙂
@mouloudachour Vous payez pour lire @libe? Ce n'est pas ce que dit ce bordereau numérique. Des explications? #valeur pic.twitter.com/fIUdrMn18V
— Philippe Brochen (@PhilippeBrochen) December 10, 2015
Et finalement, cela mènera droit jusqu’aux médias :
«#LibeRacisme» : une chronique «raciste» et «sexiste» de @libe fait polémique >> https://t.co/cO0Eo3G2gk pic.twitter.com/G7Cbku3f6n
— Le Figaro (@Le_Figaro) December 8, 2015
Cette couverture média ouverte par Le Figaro va permettre de toucher tous ces sites : (tableau via Brandwatch)
Enseignements :
- Les manifestations 2.0, c’est maintenant !
102. IBM
Lieu d’où survient la crise : Twitter
Lieu de mécontentement : Twitter
Niveau de crise : 1
Face au manque de femmes dans l’informatique, IBM a lancé un concours sexiste qui avait pourtant le but totalement opposé : #HackAFairDryer, à savoir un concours pour hacker un sèche-cheveu. L’initiative a suscité des polémiques auprès des féministes et le responsable de chez IBM dira que « la campagne a raté sa cible ».
Enseignements :
- Jouer sur les clichés féministes n’est jamais une bonne idée
103. SNCF
Lieu d’où survient la crise : Site Web
Lieu de mécontentement : Twitter
Niveau de crise : 2
Le champion de l’année passée a bien failli passer une année sans figurer dans les mémoires des crises. Cette fois-ci, c’est à cause d’un accord avec Air BNB qu’il y a eu une polémique. Un partenariat entre les deux aurait permis à des clients SNCF de louer leur appartement durant leur départ. Face à la polémique née çà et là sur les réseaux sociaux et surtout auprès des syndicats des hôteliers, la SNCF annoncera qu’elle abandonne ce partenariat.
Enseignements :
- Après Uber et les taxis, la réaction était prévisible.
104. Boulanger
Lieu d’où survient la crise : Offline
Lieu de mécontentement : Twitter
Niveau de crise : 1
Cherchant le bâton pour se faire battre, l’enseigne d’électroménager Boulanger a mis la mention suivante sur ses fers à repasser :
Face à la montée des commentaires sur Twitter, Boulanger a répondu sur Twitter : « toutes nos excuses pour le balisage inadapté sans connotation volontaire. Le nécessaire a été fait dans tous nos magasins. »
Enseignements :
- Que dire ?
105. BHV Marais
Lieu d’où survient la crise : offline
Lieu de mécontentement : Twitter
Niveau de crise : 1
Sur Twitter émerge la photo de packagings de l’enseigne BHV :
Le tweet rassemblera de multiples retweets :
Tranquilou, le BHV propose du liquide vaisselle avec des indications bien salaces et bien destinées aux femmes pic.twitter.com/swhIqO8uct
— Ecusette de Noireuil (@ecuzette) December 20, 2015
La propriétaire dira que tout cela était décalé. Une photographie de la version homme circulera aussi :
Enseignements :
- Une tentative de bad buzz orchestré ?
106. Libération
Lieu d’où survient la crise : Site Web
Lieu de mécontentement : Twitter
Niveau de crise : 1
Deuxième chronique du mois qui pose problème pour Libération. Dans celle-ci, l’auteur stipule qu’il n’a aucune donnée quantitative, mais que de son observation, les gens qui vont chez Starbucks « ont une intelligence inférieure à la moyenne ». De plus :
Il n’en fallait pas plus pour que Twitter se mette à railler copieusement Libération.
Enseignements :
- Faire une chronique sur Libération semble facile.
107. Aldi
Lieu d’où survient la crise : Site Web
Lieu de mécontentement : Twitter
Niveau de crise : 1
Pour la fin d’année, malaise en Allemagne où l’enseigne de hard discount Aldi propose des feux d’artifice « Paris ».
Twitter va rapidement s’activer et de nombreux médias allemand vont faire part de leur effaremment. La marque partagera sa surprise face à ce torrent de commentaires, expliquant que les feux d’artifice étaient vendus depuis février, soit bien avant les attentats.
Enseignements :
- Encore une fois la posture supposée dominante des marques fait qu’on pense qu’elles doivent être au courant de tout.
Voilà qui est tout pour 2015. À noter que je me suis trompé deux fois dans mon compteur, puisqu’il y a en réalité 109 cas cette année !