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Et si l’avenir des bad buzz était communautaire ?

En cette fin de mois d’août habituellement assez calme pour les crises 2.0 , il y a eu deux nouveaux cas dont un ne sera finalement pas repris dans les mémoires des crises 2.0.
Polydor France
Le premier m’a été pointé par @Olivtune que je remercie. Il s’agit d’un cas où un site de fan de Mylène Farmer (http://www.mylene.net/) publie un communiqué vendredi soir annonçant sa fermeture suite à des menaces répétées de Polydor France.
Nous devons suspendre définitivement notre site Mylène.Net suite à des menaces répétées de Polydor et des avocats de Mylène Farmer.
Nous avons reçu de multiples mises en demeure nous imposant de supprimer des informations, des centaines de photos ou vidéos de notre site.
Nous avons toujours évidemment accédé à ces demandes. Nous avons toujours été très vigilants quant au contenu mis en ligne sur Mylène.Net.
Nous avons constaté que ces exigences, depuis des mois et même des années ne s’appliquent qu’exclusivement à notre site, l’ensemble de ces éléments (photos, vidéos…) restant systématiquement disponibles sur de nombreux sites dédiés ou non à Mylène Farmer.
Très vite ( comme d’habitude ) , l’indignation des fans du site s’exprime sur la page Facebook de la marque.
Celle-ci le lendemain, répond par un communiqué qu’elle n’est nullement derrière cette fermeture. https://www.facebook.com/polydorfrance/posts/10152140693104167
Le débat change alors pour condamner l’administrateur du site.
Cette crise est restée très faible avec seulement 60 messages sur la page Facebook avant le communiqué de Polydor et pour cause, elle est constitué exclusivement d’une petite communauté.
Le groupe Bel
Un jour plus tard, un blog qui a pour public la communauté musulmane francophone publie un article à la suite d’une question :
Où le problème du foulard islamique est-il apparu en 1989 ?
Le blog appelle au bad buzz sur les pages Facebook du groupe ainsi que par courrier postal.
Ici encore, très peu de commentaires : tout au plus, 40/50.
La réponse de la marque est très rapide:
Elle va calmer l’ensemble des acteurs , notamment le blog qui a lancé le bad buzz.
Conclusions
Dans les deux cas:
- Le bad buzz vient d’une petite communauté avec un nombre de mécontentements très faible. ( 40 à 80 messages)
- Les marques ont rapidement répondu malgré le week-end.
- Une fois leur explication donnée, prouve que ce n’était pas de leur faute.
Pourtant, seul le deuxième cas a dépassé le cadre du simple réseau de départ ( les fans du site) et donc a été introduit dans les mémoires des crises de l’année 2013. Cela s’explique par :
- Bien que la communauté du blog soit petite, elle est une sous-communauté d’une communauté bien plus grande: les musulmans, ce qui n’est pas le cas des fans du site de Polydor.
- L’exposition de la page Facebook de La vache qui rit est beaucoup plus forte que celle d’un label de musique ce ce que disait Frederic Martinet sur la visibilité de certaines marques par rapport à la crise.
Toujours est-il que ces deux cas posent questions, car si j’avais déjà pointé le fait que les réseaux sociaux rendent grands ce qui est petit, le fait que seuls 40 à 80 messages peuvent se transformer en visibilité dans les différents sites d’information n’avait pas encore été observé.
Autre particularité , le fait que la crise ne suive plus une courbe de Gauss telle que schématisée ici:
Car l’apogée des commentaires se situe après la réponse de la marque avec l’arrivée des défenseurs de la marque absents avant la réponse , mais qui , une fois de la matière à utiliser se lâchent. ( Beaucoup plus de réactions défendant la vache qui rit et Mylène Farmer que de messages ayant déclenché le bad buzz en premier lieu )
Dès lors, se dirige-t-on vers un bad buzz communautaire avec une petite communauté à l’origine de celui-ci ou est-ce juste un cas à part ?